Dans un tout petit pays, où vivaient de toutes petites gens, tout devait être bien délimité sans que cela ne dépasse aucunement, car sinon ce tout petit monde s’engouffrait dans la peur de disparaître et d’être anéanti par quelque chose qui les dépasserait.
Les petites personnes douanières aux frontières du pays plaçaient les étrangers selon ce qu’ils venaient faire.
Les vacanciers dans le comté 12, les travailleurs frontaliers dans le comté 6, ceux qui venaient pour voire leur famille devaient se retrouver dans le comté 3, ceux qui venaient faire des études dans le comté 9, et ainsi de suite...
Mais un jour, un très grand homme apparu à l’une des portes de la frontière et les petits douaniers ne surent dans quel compté l’envoyer, car il venait juste pour contempler la grandeur de ce tout petit monde. Même s’ils avaient su où le ranger, il était beaucoup trop grand pour rentrer dans une de leur case. Ils essayèrent de lui expliquer que rien n’était grand dans leur pays, car tout était précisément trié et compartimenté et que cela rendait toutes les choses plus ou moins petites.
Mais le grand homme leur certifia que la grandeur était partout. Eux, ne comprenaient rien à ceci ; ça leur emmêlait les synapses et ils n’aimaient pas du tout ça.
Le très grand homme resta là silencieux. Perplexes, les douaniers ne trouvaient pas ça raisonnable et cherchaient à définir la place de cet homme. Tout bien réfléchi, sa place était hors de leur frontière.
Alors la grande bienveillance dans le regard du grand homme les enveloppa, et malgré un sentiment d’inconnu qui pouvaient être terrifiant pour eux, ils ouvrirent la porte de leur rationalité à ses paroles qui contenaient quelque chose qu’ils n’arrivaient pas à définir.
Il leur posa une question : Dans votre si parfait petit pays, quelle est votre qualité de vie ?
Un des douaniers répondit honnêtement et humblement que parfois la tristesse et l’ennui les gagnait, car tout n’était que routine et qu’ils se réduisaient à ranger trier, rationaliser dans une boucle répétitive incessante qui les menaient à s’amenuiser.
Le très grand homme lui expliqua que s’il pouvait entrer dans leur pays, il ne devait pas craindre d’être anéanti car à la seconde même où il y poserait le pieds, il deviendrait invisible et immatériel. De ce fait il ne dépasserait aucun des contours de ce pays et il n’annihilerait rien par sa grandeur.
Le petit douanier lui demandait alors, à quoi cela servirait qu’il entre, étant donné qu’il serait inexistant.
Et le grand homme de lui répondre que ce n’était pas son existence qui importait, mais la Vie, la Conscience, l’Amour et la Liberté qui pouvait imprégner tout ce qui existait.
Le petit douanier se gratta la tête. Les mots du grand homme étaient comme le gruau qui ne passe pas le filtre, mais en même temps si pénétrants et d’une perfection inconnue qu’il ouvrit la porte sans réfléchir sous la subjugation de ses autres collègues.
C’est à cet instant et ainsi, que chacun des petits hommes, bien affairé à leurs habitudes et soucieux de la précision du fonctionnement de leur pays, fut animé par une certaine simplicité, humilité et justesse.
Cela les mena à ne plus se réduire et ne plus s’enfermer dans des limites définies, mais à faire selon leurs limites propres à travers la tâche qui leur convenait. Ils trouvèrent dès lors la grandeur dans chaque petit geste simple qu’ils effectuaient, car en ouvrant leur esprit, ils comprirent aussi que ces touts petits gestes les menaient à effectuer de grandes choses en restant au plus proche de leur humanité, et en ouvrant la porte à une infinie perfection ; car vierge de toute préoccupation au sujet de leur existence, il pouvaient humblement , en respectant leurs limites d’homme participer à un fonctionnement divin, dans la gratitude de pouvoir manifester cette grandeur à travers leurs plus petites actions.
Et ce petit pays si bien défini garda ses différentes teintes non mélangées, mais avec une nouvelle Lumière.
Ce compte est inspiré des cours que j’ai suivi avec Tristan Balguerie et des enseignements en ligne de Jean Yve-Leloup.
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